Séminaire
Identifier et modéliser les facteurs ayant contribué à la formation du dernier épisode de sapropèle en mer Méditerranée
Date
le 31-01-2019 à 11:00Lieu Salle Univers, Bâtiment B18N, OASU, Université de Bordeaux
Intervenant(s) Tristan Vadsaria, LSCE, Gif-sur-Yvette |
Résumé
Depuis la fermeture du passage qui reliait la proto-Méditerranée à l'océan indien, il y a environ 14 Ma, celle-ci devient une mer semi fermée avec une seule connexion à l'océan mondial par Gibraltar. C'est dans ce contexte que se produisent des crises anoxiques régulières, les sapropèles.
Dans une première partie, nous revisiterons l'hypothèse classique de l'amplification du Nil formulée pour la première fois par Rossignol-Strick et al (1982) avec une nouvelle approche de modélisation, utilisant un modèle couplé océan-atmopshère d'une résolution spatiale de 1/8°, permettant de représenter correctement la convection sur le bassin Méditerranéen. Avec ce modèle, et à travers des expériences de sensibilité au Nil, nous observons comment la stratification est affectée par ce flux d'eau douce. De plus, en utilisant l' ?Nd, nous comparons nos résultats de simulation avec les récentes données de ce traceur en Méditerranée.
Afin de mieux décrire le contexte climatique dans lequel se produit le sapropèle S1, nous avons développé une architecture séquentielle de modèles permettant d'utiliser des simulations pré-existantes globales du début de l'Holocène. Cette plateforme implique un modèle atmosphérique régionale à haute résolution sur le bassin Méditerranéen, permettant un 'downscaling' dynamique des grandes échelles afin de forcer le modèle océanique Méditerranéen à 1/8°. En prenant en compte les changements hydrologiques induits par le climat du début de l'Holocène, nous avons quantifié l'impact sur les rivières et les précipitations océaniques. Nous montrons que l'eau douce en provenance du Nil joue un rôle majeur dans la stratification du bassin Méditerranéen. Cette plateforme peut être utilisé dans d'autres contextes climatiques et pour d'autres sapropèles.
Un point majeur concernant le S1 est que celui-ci intervient à la fin du dernier épisode glaciaire. En effet il a été montré récemment que la (longue) mise en place des conditions anoxiques nécessaires au dépôt du S1 était liée à la déglaciation (Grimm et al., 2015). Dans ce cas les perturbations hydrologiques initiant le S1 ne sont pas restreintes au début de l'Holocène mais également en lien avec la fonte de la calotte Fenno-Scandienne (FIS), par le rafraichissement des mers Noire et Caspienne et in fine celle de la mer Égée. Nous montrons, en utilisant ICE-6G (Peltier et al., 2015), la récente reconstruction à haute résolution temporelle de Patton et al. (2017), et notre plateforme de modèles, que la fonte de la FIS aurait contribué au pré-conditionnement du bassin Est-Méditerranéen.